Au-delà du voile ...

          Liban | septembre 2010


          A travers tout le Liban, de Tripoli à Bent Jbail, et de Beyrouth aux plaines de la Bekaa, ce reportage est consacré spécifiquement aux femmes libanaises qui témoignent de leur rapport intime au voile.

          Le Liban, riche de sa diversité culturelle basée sur une multiethnicité fait de lui un exemple reconnu de tolérance entre les peuples. Cette richesse culturelle née de son passé tourmenté a tout de même laissé des traces, liées directement aux forces politiques au pouvoir qui des décennies auparavant mutilaient le pays guidées par des idées religieuses différentes, s’ensuivra des pratiques politiques hétérogènes et antagonistes. Il en résulte des mentalités diverses, bien que pleines de richesses elles apportent leur lot de problèmes. Les droits des femmes et l’égalité avec les hommes peinent à évoluer, dû principalement à l’appartenance confessionnelle de chaque libanais ainsi qu’au système constitutionnel dit « communautarisme politique » qui partage une place équitable à chaque communauté au sein de l’Etat. Les dix-huit confessions qui composent le pays développent une vision politique dissemblable et distincte, ce qui explique les dissonances des récits de vie des libanais, mêlés de grandeurs et de drames.

Au moment de la réalisation du reportage en 2010 le gouvernement français interdisait le voile intégral dans les lieux publics, après plusieurs années de controverses sur le port du voile, la France s’engageait enfin à donner une réponse. Prétendant défendre les principes de laïcité, les opposants y voyaient un signe de « désislamisation » du pays, redonnant ainsi toute légitimité à la notion sur l’identité nationale soi-disant perdue, et cela sans prendre en compte l’évolution des problèmes internationaux et des mentalités qui impactent directement le mode de vie « à la française ».
L’intérêt du reportage est double, tout d’abord tenter de nuancer les partis-pris quant à l’incompréhension et/ou la méfiance liée au « voile » mais aussi et surtout rendre hommage aux femmes libanaises, qui grâce à leurs témoignages nous permettent d’apercevoir une partie de la complexité de leur réalité.
 
          Malgré les difficultés évoquées sur les droits des femmes au Liban une certaine libération de la femme libanaise est en cours et ne cesse d’évoluer. L’éclectisme vestimentaire de Beyrouth en est une preuve, les témoignages de femmes issues de milieux islamistes traditionnels refusant le voile, souvent imposés par leur famille sont récurrents, de même que les demandes de divorce ou de séparation, qui dans des milieux très stricts étaient tout à fait impensable des décennies plus tôt. Les femmes libanaises ont fait du chemin, en instrumentalisant le voile elles ont réussi à accéder à l’espace public, seule la contrainte politique encore trop présente au Liban marque un frein à leur détermination, mais cela n’empêchera pas au subtil mouvement contestataire de clamer haut et fort la pérennisation d’une nouvelle ère plus égalitaire.


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